Livre pour ados : “J’ai vu Sisyphe heureux”, une ode à la liberté

Ghada Choucri Mercredi 13 Janvier 2021-14:02:14 Jeunesse
Livre pour ados : “J’ai vu Sisyphe heureux”, une ode à la liberté
Livre pour ados : “J’ai vu Sisyphe heureux”, une ode à la liberté

Primé au Salon de Montreuil, ce délicat recueil de poèmes en prose, qui chante la dignité du peuple grec confronté à la rudesse d’un monde aujourd’hui disparu, n’a pas volé son titre. À partir de 12 ans, selon Télérama. À la lecture de ce recueil de trois poèmes en prose, c’est le mot délicatesse qui vient d’abord à l’esprit. Délicatesse du regard et de la plume qui donne à l’ensemble sa beauté fragile, comme une confidence murmurée. Le texte file, fluide, facile à lire, il raconte avec une grande simplicité trois histoires singulières à l’écho universel. Et le lecteur est vite saisi par la lumière qu’il dégage. Les jeunes jurés du Salon du livre et de la presse jeunesse ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, qui lui ont décerné la Pépite Fiction Ados 2020, alors qu’il concourait contre quatre romans. Née en Grèce, installée à Paris, Katerina Apostolopoulou a écrit dans les deux langues qui sont les siennes, le grec et le français, en parallèle. La version française n’est pas la traduction du grec, les deux textes sont très proches, mais chacun joue sa partition. L’ensemble est placé sous la référence au Mythe de Sisyphe, d’Albert Camus, et dit dans le même mouvement la difficulté de vivre et le bonheur d’être vivant. Le premier texte conte le destin d’une famille de pêcheurs dont le père disparaît, noyé par les dettes et le remords. Le second, la vie d’un couple, Manolis et Maria, qui traverse l’existence comme une grande journée d’été, malgré l’extrême modestie de ses moyens. Le dernier poème, enfin, dit le choix d’un homme de vivre en vagabond, tournant « avec la terre et les étoiles », après la disparition prématurée de son amoureuse. J’ai vu Sisyphe heureux chante ainsi la dignité et la liberté du peuple grec, pêcheurs et paysans confrontés à la rudesse d’un monde aujourd’hui disparu. Et la beauté de ses mots tient sans doute pour une grande part à la mélancolie qu’ils expriment, cette mémoire persistante d’une solidarité et d’un savoir-vivre ensemble que la compétition et l’individualisme contemporains ont largement émoussés.

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